En 1942, cette rue du nord de Boulogne s’appelait la rue de Buzenval. C’est là que vivait la famille Créange, Pierre et Raymonde les parents, Robert et Françoise les enfants.
Triste année qui voyait les juifs de France porter l’étoile jaune, être arrêtés, déportés, assassinés.
Pierre Créange, poète et militant des droits de l’homme, est recherché par la Gestapo et la police française. On lui reproche d’appartenir à la SFIO et à la LICA (ancêtre de la Ligue Internationale contre le Racisme et l’Antisémitisme) et aussi d’être un Franc Maçon notoire. Son domicile fait l’objet de perquisitions. Après la rafle du Vel d’hiv’, il décide de s’enfuir avec sa famille par-delà la ligne de démarcation, mais ils sont arrêtés. Pierre et Raymonde sont déportés et assassinés à Auschwitz dans les chambres à gaz. Les enfants, sauvés miraculeusement, reviendront vivre à Boulogne après la guerre.
Discours de Robert Créange en présence de Jean-Pierre Fourcade.
De nombreux Boulonnais sont venus, cet après-midi de printemps, pour voir dévoiler la plaque commémorative et entendre les paroles de notre ami Robert Créange et de sa sœur Françoise Créange Picard. Moment d’émotion et de recueillement, de fraternité aussi : toutes les tendances politiques de la ville étaient représentées, car Robert Créange, ancien Conseiller municipal d’opposition pendant le mandat de George Gorse, a toujours inspiré respect et amitié.
Pendant ces années-là, il lance le projet d’un voyage annuel pour les élèves de la ville dans les « camps de la mort ». Ce voyage est devenu une « institution », qui a toujours été soutenue par les municipalités qui se sont succédé, ce dont nous sommes fiers.
Si vous passez par le 4bis de la Rue Anna-Jacquin, regardez la plaque avec vos enfants, et racontez-leur l’histoire de ces habitants de notre ville.
Madame Broder, rescapée d'Auschwitz-Birkenau.
(photos Agnès Bauche)