Le 20 mai dernier, vous avez adressé une lettre ouverte à la municipalité afin d’assurer le maire de votre soutien dans son projet de détruire le groupe scolaire
Billancourt.
Avant d’être élue au conseil municipal, j’ai été représentante de parents d’élèves à l’école Billancourt pendant cinq ans.
C’est à ce double titre que je réponds à votre lettre.
Vous y rappelez trois « points d’exigence » qui relèvent bien plutôt de l’évidence, ces sortes de choses qu’on n’a pas
besoin d’exiger pour les obtenir :
• L’aménagement du collège du Vieux Pont de Sèvres pour l’accueil d’enfant si jeunes et la sécurisation du
trajet
• Le respect des normes dans le nouveau projet (sic)
• La transparence sur le financement du projet et la prise en compte de vos suggestions.
J’ai bien noté que vous demandez la prise en compte de vos seules suggestions, et non de celles de l’ensemble de la
communauté scolaire.
J’ai aussi noté votre souci de transparence, mais quelle transparence ?
- Transparence du financement, bien-évidemment, dois-je vous rappeler que tout est voté en Conseil Municipal ?
- Transparence des motifs et des options, c’est autre chose, dès lors qu’on ne nous communique aucune étude, aucune
estimation, aucune expertise, mais que le maire reconnaît l’existence d’un projet foncier et immobilier fort avancé, pour ne pas dire totalement prématuré.
La délibération du Conseil Municipal du 12 mai a suscité l’émoi, votre lettre, à sa façon, en témoigne. Mais si on en
revient aux faits, de quoi parlons-nous ? Comme toujours, de l’adéquation des moyens à l’objectif.
A priori, l’objectif est le suivant :
• Adapter un groupe scolaire aux réglementations en vigueur ;
• Accroître la capacité d’accueil de l’école ;
• Le tout, en veillant au bien-être et à la sécurité des enfants.
Les moyens quant à eux, auraient dû être présentés sous forme d’une alternative :
• Soit : Raser le groupe scolaire et construire de nouvelles écoles maternelle et primaire sur une assiette foncière
réduite ;
• Soit : Réhabiliter l’ensemble, en alliant rénovation et restructuration.
Tel n’est pas le cas, la délibération du 12 mai autorise le maire à démolir, au motif que l’école ne serait pas «
Grenello-compatible »! Ceci, péremptoirement affirmé, sans aucune étude ni expertise à l’appui, n’est pas recevable. Vous invoquez par ailleurs des contraintes financières, lesquelles? Là encore,
aucune étude, aucun budget étayé n’ont été rendus publics.
A défaut, on peut recourir à un élément de comparaison : la réhabilitation de l’école Thiers, de vingt ans plus ancienne,
que j’ai suivie de près. Cette réhabilitation est achevée depuis 2006, tous les chiffres et détails de l’opération sont connus : des bâtiments anciens rénovés, des bâtiments neufs intégrés
harmonieusement au site, des équipements supplémentaires nécessaires et conformes à toutes les réglementations, cinq classes maternelles en plus, 2 ans de travaux en site occupé, pour un total de
10 millions d’euros correspondant exactement à l’enveloppe prévue. Je demande à ceux qui affirment le contraire, de le prouver, documents en main. Ils ne seront pas en mesure de le faire.
Si je plaide, à l’instar du tiers du conseil municipal et de plus en plus de Boulonnais, pour la réhabilitation de l’école
Billancourt, c’est pour trois raisons essentielles :
1. L’école est un bâtiment remarquable de notre patrimoine, sa modestie reflète l’une des politiques les plus ambitieuses
que la République ait connue, celle de rendre l’école gratuite, laïque et obligatoire, pour les garçons et les filles. Cette vocation acquiert encore plus de poids dans ce quartier populaire de
Billancourt, quartier d’usines qui fit la prospérité et la renommée de la ville, où seule l’école assurait une présence publique. Mais l’histoire de l’école ne s’arrête pas à ses débuts : elle a
traversé le siècle, ses drames – une plaque en mémoire des enfants raflés durant la guerre en témoigne – comme ses périodes heureuses. L’histoire de l’école est aussi l’histoire de Boulogne
Billancourt, et de ces générations de familles qui y ont tissé un lien. Vous vous dites, en concessive, attachés à l’école ; si vous saviez comme ce mot est lourd de sens pour d’autres que vous
!
2. Le bien-être et la sécurité des enfants constituent ma principale raison de demander au maire de réhabiliter l’école.
Les enfants sont notre priorité commune. Je ne reviens pas sur la nécessité des mises aux normes. Mais, par ailleurs, nous habitons une ville très dense (18 000 habitants au km²), peuplée de
parents actifs que les contraintes de la vie moderne poussent souvent à laisser leurs enfants à l’école de 8h20 à 18h (étude). Des journées d’adulte, pour des enfants de moins de dix ans. Lequel
d’entre ces parents trouve le temps d’emmener ensuite son enfant une heure au parc? L’école primaire, parce qu’elle est ancienne, est vaste. Dans sa cour de récréation, les enfants respirent,
s’ébattent, se détendent, se reposent.
Est-ce un luxe ou une évidence pédagogique ? Aménager une cour grillagée sur les toits, est un pis-aller des écoles
modernes quand la mairie doit acheter le foncier au prix exorbitant d’aujourd’hui, pour construire une nouvelle école.
Je ne peux pas souscrire à une opération qui consiste, sous la pression foncière, à amputer la cour au bénéfice de cinq
particuliers, pour ensuite présenter comme une contrainte exogène ce que l’on aura causé de soi-même.
3. La raison financière, justement, est la dernière qui me fait m’opposer au projet de la municipalité. Depuis quelques
mois, tout espace public libre est livré à la promotion immobilière : on vend et on promet d’acheter plus tard… acheter quoi ? à quel prix décuplé ? Tout domaine public aliéné aujourd’hui est
irrémédiablement perdu. A cet égard, la vente du terrain de l’école est tout simplement inconséquente.
Mesdames et Messieurs les responsables PEEP du groupe scolaire Billancourt, j’en appelle à votre bon sens et à votre
responsabilité de parents, indépendamment d’un positionnement politique qui ne devrait pas avoir sa place à l’école. On vous a demandé une lettre de soutien, vous l’avez fournie du bout de la
plume tant vous étiez peu convaincus. On peut, on doit conjuguer bien-être des enfants, préservation du patrimoine et bonne gestion. Poursuivons ce triple objectif ensemble ! Rencontrons-nous
!
Agnès Bauche,
Conseillère municipale UMP,
Groupe Unis pour Boulogne Billancourt